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Mère Teresa : une voix résolue contre l'avortement

Récompensée par le Prix Nobel de la Paix en 1979, Mère Teresa n'a jamais hésité à interpeller le monde sur l'avortement. Considérant cet acte comme le " plus grand destructeur de la paix ", elle a fait de son engagement auprès des plus petits le fondement d'une critique prophétique du monde occidental. Plongez dans les moments clés de son combat pour la vie.
Mise à jour : 03/12/2025 Temps de lecture : 8 min Proposer un article

Canonisée en 2016 par le pape François, Mère Teresa est devenue, dès son vivant, une icône mondiale de la compassion, récompensée par le prix Nobel de la paix en 1979. Son engagement envers les “plus petits des petits” – les mourants, les lépreux et les orphelins de Calcutta – lui conféra une aura spirituelle et morale quasi-intouchable.

Pourtant, au-delà de son œuvre humanitaire largement célébrée, Mère Teresa a livré un message d’une radicalité prophétique qui dérangeait les puissants de ce monde : son plaidoyer ferme et maintes fois réitéré contre l’avortement. Qualifiant cet acte d'”assassinat des innocents” et de “plus grande menace pour la paix”, elle a audacieusement inversé la perspective occidentale sur la pauvreté.

Pour Mère Teresa, le respect de la vie des enfants à naître n’est pas dissociable du souci des faibles et des pauvres. Son combat fut l’illustration concrète de la lutte pour la “culture de la vie” théorisée par la suite par le Pape Jean-Paul II dans Evangelium Vitae. Elle a insisté sur la cohérence totale de l’engagement chrétien : celui qui sert le Christ dans le dénuement des rues de Calcutta doit nécessairement le défendre dans l’être le plus faible et le plus démuni qui soit, c’est-à-dire l’enfant à naître.

Comment Mère Teresa a-t-elle fait de son engagement auprès des plus pauvres de Calcutta le fondement d’un plaidoyer universel et cohérent pour la vie, de la conception à la mort ?


Le discours au Prix Nobel de la paix : “le plus grand destructeur de la paix aujourd’hui est le cri de l’enfant innocent à naître”

En 1979, alors âgée de 69 ans, Mère Térésa reçoit le Prix Nobel de la paix, en récompense pour son action inlassable et exemplaire pour les plus pauvres. Elle est alors une personnalité mondialement reconnue. Alors qu’un certain nombre de grands pays occidentaux viennent de légaliser l’avortement (Etats-Unis 1973, France 1975), Mère Térésa va se saisir de cette tribune offerte par le prix Nobel pour délivrer un message puissant sur l’avortement.

Le 10 décembre de cette année, elle est invitée à Oslo pour recevoir son prix et délivrer par la même occasion un discours. Après avoir expliqué qu’elle recevait le prix non pas pour elle-même, mais pour tous les plus pauvres et rejetés de la société, elle surpris son audience en partageant quelque chose qui lui tenait à cœur : “Et je ressens quelque chose que je voudrais partager avec vous.” 

Et elle de poursuivre : “Le plus grand destructeur de la paix, aujourd’hui, est le crime commis contre l’innocent enfant à naître. Si une mère peut tuer son propre enfant, dans son propre sein, qu’est-ce qui nous empêche, à vous et à moi, de nous entretuer les uns les autres ?”

L’intervention de Mère Térésa était subtilement provocatrice. A cette époque, le Prix Nobel de la Paix était un lieu de plaidoyer pour la décolonisation, le désarmement ou la fin des guerres. Dans ce contexte, Mère Térésa a habilement subverti l’attente du public en affirmant que le véritable champ de bataille pour la paix était l’avortement. Cette déclaration lancée au monde résonne comme une mise en garde : la question de la paix dans le monde ne peut pas être dissociée de celle du respect de toute vie humaine.


L’inversion de perspective : les nations les plus pauvres ne sont pas celles que l’on croit

Poursuivant son discours, elle dénonce ensuite l’hypocrisie des nations occidentales :

“Mais aujourd’hui on tue des millions d’enfants à naître. Et nous ne disons rien. On lit dans les journaux le nombre de ceux-ci ou de ceux-là qui sont tués, de tout ce qui est détruit, mais personne ne parle des millions de petits êtres qui ont été conçus avec la même vie que vous et moi, avec la vie de Dieu. Et nous ne disons rien. Nous l’admettons pour nous conformer aux vues des pays qui ont légalisé l’avortement. Ces nations sont les plus pauvres. Elles ont peur des petits, elles ont peur de l’enfant à naître et cet enfant doit mourir ; parce qu’elles ne veulent pas nourrir un enfant de plus, élever un enfant de plus, l’enfant doit mourir.”

Pour Mère Térésa, l’avortement n’est pas une réponse à la pauvreté, mais la pauvreté absolue, car l’enfant à naître est l’être le plus faible et le plus démuni qui soit. Elle renverse l’idée reçue : la pauvreté absolue n’est pas le manque de nourriture ou d’argent, mais le manque d’amour. L’enfant avorté est la victime de cette “pauvreté de l’amour” dans les pays riches. Par leur choix de la mort, les grandes nations occidentales qui ont légalisé l’avortement se croient riches, mais sont spirituellement et moralement les plus pauvres. Elles ont peur de la vie et choisissent la mort pour des raisons de confort ou de peur économique.


Mère Térésa propose une solution pour sauver les enfants à naître

“C’est pourquoi, aujourd’hui, je vous invite à prendre ici cette forte résolution : nous allons sauver tous les petits enfants, tous les enfants à naître, nous allons leur donner une chance de naître. Et que ferons-nous pour cela ? Nous lutterons contre l’avortement par l’adoption. Le Bon Dieu a déjà si merveilleusement béni le travail que nous avons fait, que nous avons pu sauver des milliers d’enfants. Et des milliers d’enfants ont trouvé un foyer où ils sont aimés. Nous avons apporté tant de joie dans les maisons où il n’y avait pas d’enfant !”

Elle termine son discours par un appel à la prière et au courage : “prions tous d’avoir le courage de défendre l’enfant à naître et de donner à l’enfant la possibilité d’aimer et d’être aimé. Et je pense qu’ainsi —avec la grâce de Dieu — nous pourrons apporter la paix dans le monde.”

Plutôt que d’en rester aux condamnations, Mère Térésa proposa une solution concrète en lien avec son action à Calcutta, où elle accueillait des orphelins et des bébés rejetés. En cohérence avec son discours, elle demanda à renoncer au banquet du Nobel pour reverser l’argent aux pauvres de Calcutta.

Le discours d’Oslo, par sa force prophétique et la proposition d’une solution concrète, reste le plus connu et le plus cité. Les thèmes développés à cette occasion furent repris et développés par Mère Térésa lors d’autres interventions sur l’avortement.


Mère Térésa interpelle en direct le président des Etats-Unis : le National Prayer Breakfast (Washington, D.C.) en 1994.

Le National Prayer Breakfast (Petit-déjeuner national de prière) est un événement annuel organisé à Washington D.C., généralement le premier jeudi de février. Il réunit le président des États-Unis, des membres du Congrès, des responsables politiques américains, des représentants religieux et des invités internationaux. En général, plus de 3 000 personnes de dizaines de pays y participent. C’est un événement majeur de la vie politique américaine, où religion et politique se rencontrent régulièrement. Y être invité est une marque de reconnaissance pour des personnalités aux accomplissements exceptionnels et souvent de stature mondiale. Même si l’événement n’est pas confessionnel, il vise à promouvoir un climat de prière, de réflexion et de dialogue spirituel autour de valeurs comme la paix, la réconciliation et la foi. En 1993, Bill Clinton venait d’entrer à la Maison-Blanche. Il était un président démocrate ouvertement favorable au droit à l’avortement (pro-choice). Hillary Clinton, présente ce jour-là, son épouse, avocate et militante engagée, partageait cette position. Si beaucoup d’Américains restaient opposés à l’avortement, malgré la légalisation en 1973 avec l’arrêt Roe v. Wade, les Etats-Unis n’en restaient pas moins le pays qui exporta l’avortement comme “solution” aux problèmes de pauvreté dans le monde en en faisant une véritable politique internationale. C’est dans ce contexte que Mère Térésa va reprendre certains éléments évoqués lors du discours d’Oslo en leur donnant un nouvel écho retentissant.


L’avortement est un meurtre

Mère Térésa reprend tout d’abord le thème qu’elle avait employé à Oslo :

“Mais je sens que le plus grand destructeur de la paix aujourd’hui est l’avortement, car c’est une guerre contre l’enfant, un meurtre direct de l’enfant innocent, un meurtre par la mère elle-même. Et si nous acceptons qu’une mère puisse tuer son propre enfant, comment pourrons-nous dire aux autres de ne pas se tuer les uns les autres ? … Par l’avortement, la mère n’apprend pas à aimer, mais tue même son propre enfant pour résoudre ses problèmes. … Tout pays qui accepte l’avortement n’apprend pas à son peuple à s’aimer les uns les autres, mais à utiliser la violence pour obtenir ce qu’il veut.”

Ce passage est intéressant car il développe une idée déjà évoquée dans le discours d’Oslo : l’acte individuel du meurtre de l’avortement est lié à l’acceptation sociale de la violence qui conduit à la guerre. Devant les maîtres de la politique étrangère américaine, elle remet en cause la légitimité morale d’une nation qui protège les droits de l’adulte tout en niant celui du plus faible.

Dans la salle, les paroles de Mère Teresa furent accueillies par de longues ovations, mais Bill et Hillary Clinton restèrent assis, visiblement mal à l’aise. Ce jour-là, une frêle religieuse albanaise de Calcutta a défié avec fermeté l’idéologie dominante représentée par son personnage le plus puissant : le président des Etats-Unis.

Pour conclure, Mère Térésa repris son appel de 1979 à Oslo en se disant prête à adopter les enfants condamnés à l’avortement :  “Je vous en prie, ne tuez pas l’enfant. Donnez-moi l’enfant. Je le prendrai. Nous avons sauvé à Calcutta plus de 3 000 enfants de l’avortement. Il y a toujours quelqu’un pour aimer un enfant.”

Cette proposition finale, au-delà du simple discours, rappelle l’essence de sa mission : face à la peur de la vie et à la violence, l’unique réponse chrétienne est l’accueil concret et l’amour inconditionnel.


La lettre à la Cour suprême des États-Unis : l’Amicus Brief contre Roe v. Wade (1994)

En 1994 dans le cadre de plusieurs affaires demandant la reconsidération de l’arrêt Roe v. Wade, Mère Térésa déposa une lettre formelle désignée juridiquement comme un amicus brief. Par cet acte rare pour une figure religieuse non-américaine, elle est intervenue directement dans le processus judiciaire américain pour défendre le droit à la vie. Son message aux juges de la Cour Suprême était une condamnation non pas de l’individu, mais de l’institution légale qui permet le meurtre des innocents :

“Votre décision dans Roe v. Wade a déformé une grande nation … L’Amérique n’a pas besoin de mes paroles pour voir comment votre décision dans Roe v. Wade a déformé une grande nation. Le prétendu droit à l’avortement a mis les mères contre leurs enfants et les femmes contre les hommes. Il a semé la violence et la discorde au cœur des relations humaines les plus intimes.”

Ce plaidoyer insiste sur la nature destructive de la loi elle-même. Selon Mère Teresa, en créant un “prétendu droit”, l’État ne fait pas que tolérer un acte, il pervertit les relations sociales fondamentales mère-enfant et homme-femme.

En tant que première puissance mondiale économique et culturelle, les États-Unis occupent une place particulière dans les messages de Mère Teresa. Son intervention devant la plus haute juridiction du pays est le prolongement logique de ses discours publics. Elle réitérait inlassablement sa position, rappelant que l’avortement est le « grand destructeur de paix » et le « meurtre par la mère elle-même », des formules qui ont circulé de son discours Nobel (1979) jusqu’au National Prayer Breakfast (1994). Son objectif était de dénoncer le rôle des États-Unis comme foyer de la “culture de la mort” moderne.


La défense des plus pauvres “de la conception à la mort” : le fondement d’une société juste

De Calcutta à Washington, le message de Mère Térésa n’a jamais varié. Il s’articule autour d’une conviction centrale : la vie humaine doit être protégée inconditionnellement dès sa conception et jusqu’à sa fin naturelle. Sa lutte contre l’avortement n’était donc pas un combat moral isolé ; elle s’inscrivait dans la même logique radicale que son action auprès des mourants rejetés, des lépreux isolés, des orphelins abandonnés. Elle percevait ces réalités non pas comme des problèmes distincts – social d’un côté, moral de l’autre -, mais comme les manifestations d’une même pauvreté : celle d’une société qui refuse d’aimer et de reconnaître le Christ dans le dénuement de l’autre.

Dans sa pensée, l’avortement n’était pas une question de morale individuelle sans rapport avec le reste. Il était le symptôme d’une société qui hiérarchise la valeur des vies humaines et finit par exclure ceux qui gênent ou dérangent. Pour Mère Térésa, l’enfant non né et le mourant ramassé dans les rues de Calcutta sont porteurs de la même fragilité : ils réclament qu’on les reconnaisse et qu’on les aime.

Le propos de Mère Térésa va au-delà de la morale individuelle et concerne toute la société dans son ensemble. Pour elle, une civilisation qui s’habitue à rejeter les plus petits se condamne à plus de violence. La véritable paix commence par l’accueil de celui que personne ne veut. Le message de Mère Teresa — la violence contre l’enfant non né engendre la violence dans le monde — est donc le reflet simple et percutant de la conclusion doctrinale d’Evangelium Vitae : une société qui ne protège pas la vie la plus faible (l’enfant à naître) perd toute base morale pour garantir la justice et la paix pour ses citoyens. En légalisant le meurtre des innocents, la société détruit les fondements de sa propre paix et glisse de l’État de droit à une forme de tyrannie du plus fort.



Mère Térésa : repères biographiques

Agnès Gonxha Bojaxhiu, née le 26 août 1910 à Skopje (alors dans l’Empire ottoman, aujourd’hui en Macédoine du Nord), grandit dans une famille albanaise profondément catholique. Orpheline de père à huit ans, elle est marquée par une éducation imprégnée de foi et de charité, qui la pousse dès l’adolescence à rejoindre les Sœurs de Lorette en Irlande. En 1928, à 18 ans, elle part pour l’Inde, où elle prononce ses vœux en 1931 et enseigne dans un lycée de filles à Calcutta. Ce n’est qu’en 1948, touchée par un “appel dans l’appel” dans un train pour Darjeeling, qu’elle abandonne l’habit conventuel pour revêtir le sari blanc et bleu des pauvres, fondant les Missionnaires de la Charité. Cette congrégation, dédiée aux “plus petits des petits” – orphelins, mourants, lépreux et miséreux des bidonvilles de Calcutta –, grandit rapidement pour essaimer dans plus de 130 pays, aidant des millions de personnes. Cet engagement total au service des plus faibles et des rejetés fut le terreau spirituel et pratique qui lui donna la légitimité et la force d’interpeller le monde en faveur de l’enfant à naître.

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