Pourquoi l'Eglise dit non aux manipulations génétiques ? Dignitas Personae : la dignité inaltérable de la vie encore et toujours.
Face à la tentation du tout-technologique (PMA sans père, GPA, manipulations génétiques), l’Eglise catholique nous offre un point de repère incontournable : l’instruction Dignitas Personae (« La dignité de la personne »). Ce texte essentiel nous rappelle que la culture de vie ne se joue pas seulement sur le terrain législatif et politique, mais aussi au cœur de la science et des laboratoires. Dignitas Personae dénonce sans ambiguïtés les menaces d’instrumentalisation de l’enfant comme un dû soumis aux désirs de l’adulte. C’est un véritable argumentaire efficace qui nous est livré pour résister à l’eugénisme silencieux du diagnostic prénatal et au traitement de l’embryon comme un simple « matériau biologique » jetable. Ce document essentiel nous donne les clés scientifiques et éthiques pour dire « non » à la technique sans conscience.
Dignitas personae en bref :
L’être humain possède une dignité inviolable dès la conception
C’est le fil conducteur de l’instruction. L’embryon, dès sa conception, possède la même dignité que toute personne humaine. Il ne peut jamais être considéré comme un simple « matériau biologique » ni être utilisé comme moyen pour une fin, même louable.
Le discernement moral face aux nouvelles technologies
Les progrès scientifiques sont accueillis positivement lorsqu’ils sont au service de la vie humaine et respectent sa dignité. En revanche, les pratiques qui impliquent la destruction d’embryons, la sélection eugénique, le clonage ou la manipulation génétique germinale sont jugées moralement inacceptables.
La procréation humaine est inséparable de l’amour conjugal
Dignitas personae rappelle que donner la vie n’est pas seulement un acte biologique, mais une participation à l’amour créateur de Dieu. La conception d’un enfant doit naître de l’union intime et réciproque des époux, et non d’un processus technique qui en serait séparé. Les interventions médicales sont moralement bonnes lorsqu’elles soutiennent l’acte conjugal dans sa finalité procréative, mais deviennent inacceptables dès lors qu’elles prétendent le remplacer ou le contourner.
Pourquoi cette instruction est-elle vitale aujourd’hui ?
Publiée le 8 septembre 2008 par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi sous l’autorité du pape Benoît XVI, l’instruction Dignitas personae s’inscrit dans la continuité de la réflexion morale et doctrinale de l’Église catholique sur les questions de bioéthique. Elle vient compléter et actualiser une précédente instruction, Donum vitae (1987), publiée sous Jean-Paul II, qui avait posé les fondements de l’enseignement ecclésial concernant la procréation artificielle, l’embryon humain et les nouvelles techniques biomédicales.
Depuis Donum vitae, les progrès scientifiques en matière de biotechnologie, de génétique, de diagnostic prénatal ou encore de thérapie cellulaire ont été considérables. Dignitas personae répond donc à ce nouveau contexte scientifique et culturel, tout en réaffirmant un principe fondamental : la dignité intrinsèque de toute personne humaine, dès sa conception, doit demeurer le critère moral central pour juger des pratiques biomédicales.
Qu’est-ce qu’une instruction ?
C’est un texte publié généralement par une Congrégation romaine (organisme de la Curie romaine), parfois directement approuvé par le pape. Elle a pour but de développer, préciser ou appliquer la doctrine de l’Eglise sur un sujet particulier, souvent à partir de principes déjà énoncés dans des documents de plus haut niveau (encycliques, constitutions…).
Elle se situe dans la catégorie des documents qui orientent la réflexion, la pastorale et la pratique des fidèles et des responsables. En général, une instruction cherche à expliquer comment appliquer la doctrine de l’Église à des situations nouvelles ou complexes (comme la bioéthique dans Donum Vitae et Dignitas Personae). Elle cherche également à offrir un cadre clair pour guider la pratique pastorale, médicale, légale, etc. Une instruction ne crée pas une “nouvelle doctrine”, mais explicite et actualise l’enseignement existant.
Place de l’instruction au sein du Magistère de l’Église
Dignitas personae s’inscrit dans une longue tradition de l’enseignement de l’Église sur la vie et la dignité humaine. Elle se relie notamment :
- à l’encyclique Humanae vitae (Paul VI, 1968), sur la régulation des naissances et l’ouverture à la vie ;
- à l’instruction Donum vitae (1987), qui a posé les premiers principes sur les biotechnologies liées à la procréation ;
- à l’encyclique Evangelium vitae (Jean-Paul II, 1995), sur la valeur et l’inviolabilité de la vie humaine ;
- et plus largement, à toute la doctrine sociale de l’Église qui affirme la primauté de la personne humaine sur la technique et l’économie.
Ainsi, Dignitas personae n’est pas un texte isolé : elle constitue une mise à jour doctrinale, à la lumière des développements scientifiques récents, dans la fidélité à l’enseignement de l’Eglise et à l’anthropologie chrétienne. L’instruction Dignitas Personae n’est pas une liste d’interdits ou une lamentation face au progrès. Elle est au contraire un texte prophétique plein d’espérance et un appel à la grandeur. Elle nous rappelle que la dignité de l’homme est inconditionnelle, qu’il soit à l’aube ou au soir de sa vie.